Bio Gabor

Né en 1928 à Budapest, Gabor Szilasi pose caméra et bagages au Canada en 1957, fuyant la révolution hongroise avec son père Sandor. Il travaillera à l’Office du film du Québec de 1959 à 1971, découvrant autant le Québec rural que la métropole.

À travers les différentes séries qu’il réalise aux 4 coins de la province (on pense ici à celles mettant en lumière la Beauce, l’Abitibi, Lotbinière et Charlevoix- séries qui forment un ensemble cohérent documentant le Québec rural des années 70), Gabor pose un regard unique teinté de sensibilité et de curiosité sur sa terre d’accueil devenant, à sa façon, le Pierre Perrault de la photographie contemporaine canadienne. De ses différentes séries, il montre la même fidélité dans le choix de ses sujets, regroupés autour de son thème de prédilection, «l’étude de l’homme et de son habitat». Nous retrouvons ici l’humaniste qui se sert de la photographie pour témoigner de son époque et surtout, pour établir des contacts avec les gens.

Il enseignera la photographie (dès 1970 au Cégep du Vieux-Montréal et dès 1979 à l’Université Concordia) durant plus de 25 ans tout en poursuivant sa pratique artistique. Gabor est devenu, au fil du temps, une figure emblématique de la communauté artistique québécoise et canadienne. Son engagement envers son art a influencé toute une génération d’artistes et de photographes.

Il vit à Montréal dans la même maison depuis plus de 50 ans avec son épouse Doreen Lindsay entouré de ses proches et d’une quantité phénoménale d’œuvres d’art.

Bio Joannie

Diplômée en journalisme et en photographie, Joannie Lafrenière s’intéresse aux belles gens qu’elle a le privilège de croiser sur son chemin. À travers sa pratique à caractère anthropologique teintée d’humour et d’une fascination certaine pour le bel âge, le kitsch et la culture de masse, Joannie croit fermement que le documentaire est un art de la rencontre qui vise à tisser des liens entre les êtres humains avec sensibilité, fantaisie et humour.

Ses précédents films ont été diffusés autant à la télévision, au cinéma que dans de prestigieux festivals aux 4 coins de la planète. Elle se considère très privilégiée d’avoir pu réaliser GABOR, un long métrage documentaire à propos de celui qu’elle considère comme son mentor, Gabor Szilasi.

Gabor & Joannie

Le coup de foudre fut immédiat pour l’homme qu’est Gabor Szilasi, photographe de l’ordinaire, archiviste de mémoire collective. C’est à l’occasion de son exposition rétrospective L’ÉLOQUENCE DU QUOTIDIEN (2009) que j’ai eu le privilège de découvrir son travail. Étudiant en photographie à cette époque, cette exposition m’a rentré dans le cœur et n’a fait que confirmer mon souhait de faire de la photo un métier, un mode de vie.

Suite à cette épiphanie, j’ai développé un immense respect pour son œuvre et c’est en l’observant interagir avec la communauté de photographes qui l’entourait à l’occasion des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie (où nous nous sommes rencontrés pour la première fois durant l’été 2015) que je suis tombée sous le charme de Gabor, l’homme derrière la lentille. Au fil des discussions partagées ensemble, j’ai eu le bonheur de constater en quoi ses images étaient le reflet de sa personnalité, soit celle d’un humaniste curieux de découvrir son prochain et de le dépeindre avec respect, sans jugement et bien souvent, avec une touche d’humour qui lui est propre.

Lors de cette rencontre, Gabor était alors âgé de 87 printemps et je me souviens d’avoir été frappée par sa vivacité. Touchée par cette posture optimiste malgré son âge certain, attitude qui le caractérise si bien, il est devenu évident qu’un film sur lui devait être réalisé. Je me suis donc lancée dans cette aventure avec fougue et candeur, souhaitant témoigner de son œuvre certes, mais également de l’homme qui se trouvait derrière la caméra, dans toute sa profondeur, sa complexité, sa fragilité, sa résilience, sa beauté et sa grandeur afin d’offrir à mon tour à Gabor, l’importante et sensible mémoire qu’il nous a laissée à nous, Québécois, à travers son œuvre photographique à caractère humaniste.

Six ans plus tard, après plusieurs tournages à l’étranger, bon nombre de sorties au cinéma et au théâtre, des centaines de kilomètres à se balader sur les routes du Québec, tant d’inconnus généreux et inspirants croisés au hasard des rencontres, quelques bloody cesar sirotés devant le fleuve, tant de discussions partagées sous le signe de l’humour et de la curiosité, une pandémie traversée avec courage et résilience, des dizaines de photos captées avec sensibilité et oh combien d’heures de matériel tourné avec soin, on peut enfin dire mission accomplie. Voici donc GABOR, le film vu par Joannie Lafrenière en 101 minutes top chrono.

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